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Naissance et renaissance de l’écriture

Gérard Pommier

PUF 2017 / 16 mai 2017

L’écriture de ce livre a suivi une méthode fidèle à l’anthropologie freudienne, qui met en parallèle la phylogenèse et l’ontogénèse. La recherche est partie de l’hypothèse que l’invention de l’écriture par chaque enfant est la même que celle de l’invention de l’écriture alphabétique dans l’histoire de l’humanité. Un enfant commence par faire des dessins où il met en scène son roman familial, jusqu’au jour où ce qu’il se figure se heurte à un impossible à dessiner : celui du parricide fantasmatique. C’est le moment où il va commencer à tracer des pseudo-lettres, qui mettent en page son nom propre.

De même l’écriture des Egyptiens était en grande partie figurée par des dessins et ces hiéroglyphes, « écriture des Dieux », comportaient – outre des idéophonogrammes – vingt-deux consonnes. Freud a fait remarquer que, si la religion monothéiste inventée par Akhenaton avait suivi son cours, toutes les idoles figurées dans l’écriture égyptienne auraient été détruites, et l’écriture alphabétique serait née de ce geste Iconoclaste. Après la destitution d’Akhenaton, c’est Moïse l’Egyptien qui sauvegarda la foi monothéiste, et qui l’exila en Phénicie. Faudrait-il en déduire que l’écriture fut en réalité une invention juive, et que les Phéniciens, habiles commerçants qui habitaient sur le même territoire, exportèrent ensuite cette invention pratique dans tout le bassin méditerranéen ? Ce n’est là qu’une des thèses soutenues dans ce livre, qui développe plus longuement l’acheminement vers l’écriture des enfants qui, à l’occasion de leur complexe d’Œdipe, ont comme des Pharaons, dû s’affronter au geste parricide, si semblable au moment où les idoles furent abattues au bord du Nil.

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