Claus Dieter Rath, psychanalyste allemand renommé, un ami et collègue remarquable vient de nous quitter ce 18 décembre.

Nos pensées vont tout d’abord à sa chère femme, à sa famille, ses proches, les membres de son association. Depuis les débuts de la FEP, lorsque nous étions quelques uns autour des quatre fondateurs, Claus était le premier à particulièrement s’investir dans notre toute nouvelle association, fondée sur une ligne de partage et engagement éthique.  A ce titre, iI a été membre du bureau de la FEP pendant de longues années. Il vivait et travaillait à Berlin et il a œuvré pour la présence d’une psychanalyse engagée dans la ville qui avait connu la chasse aux psychanalystes juifs par les nazis. 

Claus a été un de ceux qui ont fait revenir la psychanalyse freudienne et lacanienne à Berlin, où il a organisé de nombreux colloques autour des questions du malaise dans la civilisation et les enjeux inconscients de la xénophobie, du racisme et de la haine de l’autre. Sa présence solide, ses connaissances psychanalytiques d’une rare envergure ont donné une dimension dynamique de retour à Freud à notre association. Il luttait contre les discours totalitaires et n’a jamais utilisé la langue de bois, ni les récitations de dogmes.

A l‘annonce de sa mort, les souvenirs affluent et la tristesse aussi. Je l’ai côtoyé depuis plus de trente ans lors de nos événements à Strasbourg, à Rome, à Mazzara del Vallo, à Palerme en Sicile où il aimait passer ses vacances chez notre collègue Luigi Burzotta. Il faisait des interventions en allemand, en français, en italien sans accent, grand connaisseur de l’œuvre de Freud, il est venu à Dubrovnik, à Toulouse, à Tolède à Paris. Je me souviens de cet été 1998 où il m’a invitée à Berlin faire une conférence pour son association et de longues discussions lors de la promenade dans cette ville qu’il a tant aimée. Je me souviens des échanges sur les découvertes de nos propres cures, de nos séances de supervision. Il était en « contrôle » chez Safouan dont il s’inspirait pour reconnaitre et insister sur notre rapport à la parole : « La parole ou la mort » avait-il l’habitude de s’exclamer.  Claus était toujours pertinent pour réveiller le sujet endormi, enferré dans les propos rassurants mais déjà entendus. Le discours vide n’était pas son choix. Sa bienveillance, son humour, sa clairvoyance son audace et son énergie vont nous manquer beaucoup, nos voyages à Berlin pour le retrouver autour des sujets collectifs brulants, aussi.

La constance de son désir pour une psychanalyse vivante en lien avec l’actualité, qui lie le symptôme particulier au collectif, reste à notre charge, à continuer, à transmettre, à préserver.

Adieu cher ami!

Merci pour ces décennies inoubliables que nous avons partagées au sein de la FEP.

Gorana Bulat-Manenti

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