Conférence sur le deuil

par le Pr Jeannette Abou Nasr Daccache

Modératrice : Madame Yvi Chaccour
Débat organisé par les membres de Spial et les étudiants en formation

 

 

La société de Psychothérapie Inspiration analytique, (SPIAL) organise une conférence sur le deuil ouvert au public.
Son registre est 759.

25 février 2019
Hôtel promenade à Zalka
19h – 21 h

En quelle métaphore émotionnelle parle le deuil

Le deuil parle en métaphore émotionnelle, Nos mots sont plus expressifs que notre conscience sur l’obscurité de l’élaboration du deuil de chacun: nos deuils demeurent une énigme, ils sont loin de la conscience, nous ignorons sous l’effet traumatique de la perte par une a-mentia, la représentation du défunt et le sens de ce que nous avions perdu. Le deuil est tourné en rond, c’est une répétition entre le désir de quitter le défunt et renaitre. Porter le deuil est la construction du manque psychique et du jeu symbolique afin de permettre un travail de métaphorisation émotionnelle. Tous ceci tourne autour d’un souvenir non formulable et qui arrête la parole et la transforme en images où la métaphore règne.

Un mixage émotionnel est incontournable, ceci s’impose en mélangeant les émotions ; tels de la culpabilité, de la haine, de l’agressivité, l’inhibition et de la honte, de l’anesthésie addictive. Lorsque nous voulons accepter la perte d’un être cher, nous sommes heurtés à une exigence d’élaboration nommée l’état d’âme du deuil et nécessairement de retrait des investissements libidinaux fixés à l’objet défunt, dictée par l’épreuve de réalité, Il a celui du deuil normal, source du travail de deuil qui exprime une élaboration ’normale de la perte de l’objet par l’épreuve de réalité, Le sujet se trouve confronté à l’évidence de la disparition de l’objet aimé ou de son substitut.

Progressivement nous pourrons par l’épreuve de la tolérance et par la poussée constante de l’énergie, le moi aura à faire la distinction entre ceux qui ne sont pas là de façon momentanée et ceux qui ne reviendront plus. Le deuil pourra être adhésif chez les autistes, Le deuil pourra être une mort psychique car lié à une partie de son corps morcelé par la perte de l’autre une dépression psychotique. Le deuil pourra être narcissique; c’est le deuil de la mort duelle. Peut-on parler d’un deuil addictif ? L’endeuillé est dans une mémoire qui gravite autour d’un point pivot aveuglé par une anesthésie addictive à ressasser et à répéter le parlêtre exilé. Le temps du deuil est le retour aux deuils originels involontairement.

Le deuil impossible est quand la mémoire obstinée exerce une résistance si vive que l’endeuillé se détourne de la réalité et s’accroche à l’objet par une « psychose hallucinatoire de désir, afin de maintenir le défunt vivant. Et quand le fantasme triomphe sur le respect de la réalité ce qui explique la non-conformité aux tendances normales de l’appareil psychique et l’échec du deuil. Le mélancolique se plonge dans un vécu d’atemporalité, il se complaît à se couvrir de honte.

La mélancolie est le pivot important dans le cheminement du deuil car l’investissement libidinal du mélancolique a connu ainsi un double destin :la régression et le conflit d’ambivalence au stade de l’identification. En d’autres termes plusieurs émotions rentrent en jeu; en premier la haine est contre l’objet, en second l’agressivité se reporte sur l’objet substitutif qu’est devenu le moi par identification, n’ayant pu se résoudre à la perte de l’objet aimé. Et la honte est spécifique comme une enveloppe psychique. L’agressivité dans cette étape n’est pas à négliger car le sadisme résout l’énigme de la tendance suicidaire et que le psychanalyste vise à veiller dans le processus thérapeutique. Les séquelles de la mélancolie sont portées chez les états limites car les processus de la haine et de la fantomisation sont en état culminant. La manie est la réussite de la suprématie sur l’objet et la jouissance de la triomphe de la supériorité sur l’objet perdu.

L’état limite abandonne soi-même et tire de cette souffrance une satisfaction sadique contre l’abandonné. Le deuil est névrotique vécue comme une souffrance « expiatoire » le travail de deuil inhibe profondément le Moi. Car Le sentiment de culpabilité s’associe inévitablement à la représentation de la mort d’autrui, Et la conscience morale (le surmoi) s’oppose ainsi à son acceptation et à claustrer répréhensible ment tout désir, Ce qui reste à élaborer c’est le travail de l’interprétation et le déchiffrement de cette métaphore émotionnelle du deuil vers une libération.

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