Décès de Moustapha Safouan

Gérard Pommier a voulu écrire ces quelques lignes au lendemain du décès de Moustapha Safouan.

Moustapha Safouan nous a quittés le dimanche 8 novembre. Selon le décompte d’années qu’il m’avait lui-même donné cela lui faisait 102 ans.

J’ai connu Moustapha Safouan depuis le début, depuis que je m’intéresse à la psychanalyse, lorsque j’étais interne en psychiatrie à St Anne et qu’il a fait plusieurs petites causeries dans l’un des amphithéâtres. J’avais été très frappé par ses qualités oratoires, il parlait debout avec beaucoup de verve, sans papier, souvent les cheveux dressés sur la tête et toujours attentif à captiver son auditoire : « Voilà l’homme qui parle ! ». J’ai été tout de suite pris par un sentiment très entier à son égard et il ne s’est jamais démenti jusqu’à aujourd’hui, puisque récemment, au mois de juillet, j’ai eu l’honneur de l’interviewer avec Gricelda Sarmiento sur sa pratique avec Lacan : plus de vingt ans de contrôle depuis 1954 où l’on voit son accord profond avec les façons de faire de Lacan. Je dirais que c’était un lacanien sans partage, tout entier lacanien bien qu’il ait cessé d’assister au Séminaire après 1964, lorsque Lacan a commencé à introduire des éléments de topologie. Lacan a demandé plusieurs fois pourquoi il ne venait plus, mais sans avoir jamais de réponse, Moustapha se considérait toujours intégralement lacanien.

A cette époque Moustapha Safouan allait souvent en Egypte avec Paola Carola et d’autres amies italiennes comme Muriel Drazien dans un amour suivi pour l’Egypte, pour la région napolitaine et les iles siciliennes. C’est là que je l’ai connu plus personnellement lors de vacances avec Catherine Millot dans la ville de Louxor sur le Nil où je faisais des recherches sur le pharaon Akhenaton et l’écriture hiéroglyphique. Il nous a montré des lieux merveilleux, en particulier le tombeau caché de ce haut dignitaire royal qui a probablement trahi Akhenaton et permit le retour du clergé thébain. Il nous a fait visiter toute son Égypte, avec le soir un verre de whisky à son modeste hôtel.

Et puis surtout en compagnie de Charles Melman et de Claude Dumézil nous avons fondé tous les quatre la Fondation Européenne pour la Psychanalyse, en réponse au risque d’une titularisation des psychologues où les psychanalystes auraient été inclus. Ce danger a été évité grâce à l’amendement Accoyer et à l’action très décidée de la majorité des associations psychanalytiques. Dans la suite de ce succès nous avons écrit, Moustapha Safouan et moi-même, le texte fondateur de la Fondation Européenne sur « la formation des psychanalystes ».

Je dois dire que le décès de Moustapha Safouan m’affecte de manière spéciale car c’est l’un des rares psychanalystes d’une génération plus avancée que la mienne pour lequel je n’ai aucune ambivalence. Je voudrais conclure ces quelques mots d’adieu en disant qu’il y a peu, Moustapha Safouan a écrit un livre sans égal sur la science : « Le puits de la vérité », j’espère qu’il sera beaucoup lu.

Despedida a Moustapha Safouan

Nos toca la triste despedida de uno de los primeros discípulos de Lacan, tal como lo escribe Gérard Pommier en la entrevista que le hace para La Pratique de Lacan -libro de reciente publicación- , en el primer capítulo de nombre: Témoignage.

Nos deja con 99 años y una obra inmensa. Ha escrito, enseñado y se ha sostenido con su deseo de analista tanto en la clínica como en la transmisión. Citaremos algunos de sus títulos, publicaciones que vienen desde los años sesenta, El estructuralismo en psicoanálisis, del 68, La sexualidad femenina en la doctrina freudiana, del 76; Jacques Lacan y la cuestión de la formación de los analistas, del 83; La palabra y la muerte; cómo es posible una sociedad humana, del 93; ¿Por qué los árabes no son libres? la política de la escritura, de 2007; y el último editado en 2019, De la dualité à la division du sujet … Por citar solo uno de cada década. Y tanto más.

En 1991, funda la FEP -Fondation Eurpéenne pour la Psychanalyse- con sus colegas y amigos: Claude Dumézil, Charles Melman y Gérard Pommier.

Se trata de un momento de consternación y de profundo agradecimiento por su legado. Una cálida despedida al colega y Maestro.

FEP en Barcelona:

Graziella Baravalle; Verónica Bogao; Juan Bauzá; Nestor Braunsteim; Marcelo Edwards; Annick Juredieu; Laura Kait (escribe esta despedida); María José Muñoz; Rosa Navarro, Jaume Patuel; Alejandro Pignato; Alejandra Quintas; Silvia Saskyn; Luis Tarragona.

Tout analyste qui souhaiterait écrire un texte en hommage à Moustapha Safouan peut l’envoyer à l’adresse fondationeuropsy@gmail.com et il sera publié dans la prochaine newsletter.

 

error: Contenu protégé