Édito de juillet 2022, par Gorana Bulat-Manenti
Quel beau colloque ! J’ai beaucoup appris ! La plupart des interventions était animées d’un esprit de recherche, qui mettait la salle et les participants en ébullition ! Car il s’agissait des questions cruciales qui animent la psychanalyse actuellement. A quoi servent les institutions psychanalytiques exactement ?
S’agit-il de simples « familles d’accueil », ou bien sont-elles au service de la société et de la culture ? Je cite seulement ceux de : Martine Lerude, Florence Mery, Jeannette Daccache. Dans bien des exposés, une même interrogation s’est imposée sur les préoccupations qui existent autour des transformations de genre, la Queer théorie, la bisexualité psychique, l’interdit de l’inceste, le parricide etc. Une unanimité s’est imposée pour rejeter la chirurgie et les hormones irréversibles qui métamorphosent le développement des enfants.
A propos de la chirurgie, nous en avons juste pratiqué une, celle nous séparer de ceux qui sont favorables à des opérations sur les enfants, ou sont même complaisants avec les pratiques incestueuses. Car nous vivons un moment important de la psychanalyse qui doit énoncer ses positions très clairement et sans attendre.
Ce sont des problèmes qui, encore une fois montrent le bien-fondé de ce dict de Lacan :
« L’inconscient, c’est le politique ».
Dans le même sens, nous avons initié une pétition adressée aux futurs parlementaires, signée par 2324 professionnels. Maintenant que ces derniers sont élus, nous avons été conviés par plusieurs d’entre eux à l’élaboration d’un « projet de loi » concernant la santé mentale. Il faut bien constater que presque aucun des programmes ne parle de la psychanalyse. Deux d’entre nous : Jean-Jacques Tyszler et Ahmed Bouhlal ont d’importantes responsabilités en psychiatrie.
Ils sont prêts à participer à cette élaboration, afin que la psychanalyse retrouve sa place dans les universités et les lieux de soins. La souffrance psychique ne saurait s’aborder par d’autres biais que psychiques, c’est-à-dire par le biais de la parole. Il est bien clair qu’un changement d’orientation dépendra d’une décision politique, venue d’en haut, en quelque sorte. Cela fait plusieurs dizaines d’années que nous sommes bien reçus dans diverses commissions mais sans résultat, tandis que de prétendus « neuroscientifiques » gagnent du terrain, alors qu’ils sont incapables de faire un diagnostic, et de proposer autre chose que des médicaments.
La réduction de l’homme à une machine désubjectivée correspond très bien au projet d’une société « robotisée ». Heureusement, nous avons un allié toujours fidèle : l’inconscient lui- même.