Après la mort du quatrième et du plus impliqué fondateur de la FEP, notre cher Gérard Pommier, la question qui se pose et persiste est celle de comment continuer ?

En dehors de belles paroles de fraternité d’amitié, de solidarité, d’égalité internationale etc., l’interrogation qui insiste est celle des enjeux inconscients de ceux et celles qui ont eu le souhait de reprendre le flambeau. La force de la FEP résidait dans sa liberté d’y être admis un par un, venant de différentes écoles analytiques, pour débattre, exposer les idées, les problèmes, réunir les résultats, pour se confronter à ce qui est resté sous silence dans la plupart des institutions et qui freine les avancées nécessaires pour que la psychanalyse vive. Aujourd’hui les maisons analytiques, même lorsque certains de leurs membres se réclament du renouveau, restent accrochées à des idées rigides et conservatrices. Un grand nombre d’analystes sont incapables d’accepter les changements sociaux surtout en ce qui concerne les femmes et leur libération de parole et de place. Une soif de maîtrise et de pouvoir, une négation de la richesse inconsciente en tant que pure inconnue dans chaque analyse, et dans le monde en général, règnent. L’administratif remplace la poésie et le risque qu’elle comporte d’abriter ce qui échappe au rationnel, ce qui chante, ce qui danse sur un nouveau rythme une nouvelle rapsodie, jamais encore entendue. Freud et Lacan ont beaucoup dit, mais ils n’ont pas tout dit sur la psychanalyse. Nous avons de nouvelles expériences, parlons-en. Voyons ce que nous devons à ces figures de vrais maitres, à ces « pères » de la psychanalyse y compris en ajustant certains concepts et en inventant des théories à partir de leurs trouvailles, de nos intuitions, en les accordant avec notre clinique celle d’une époque nouvelle. C’est la condition sine qua non pour que la jeunesse revienne dans nos rangs.
Que devons-nous tout particulièrement à Gérard Pommier ? 

  Pour garder son esprit novateur, essayons de faire vivre ses textes, ses recherches, ses livres auxquels il a consacré toute sa vie. Mais aussi il est important de l’écouter lorsqu’il conseille d’examiner les narcissismes de ceux qui ne se sentent pas en dette à l’égard d’aucun père, et auxquels tout est dû, sans mérite de travail sur leur propre inconscient ni contribution majeure et sérieuse à la psychanalyse et dont l’inconscient reste encombré de soif de volonté insatiable de prendre la place du père, sans se retourner. Saurons-nous accepter le passé éthique de la FEP pour ouvrir à l’avenir, accepterons-nous de payer la dette symbolique du parricide que nous avons tous commis, comme tout le monde ? Pour garder son esprit novateur, essayons de faire vivre ses textes, ses recherches, ses livres auxquels il a consacré toute sa vie.

 Mais aussi il est important de l’écouter lorsqu’il conseille d’examiner les narcissismes de ceux qui ne se sentent pas en dette à l’égard d’aucun père, et auxquels tout est dû, sans mérite de travail sur leur propre inconscient ni contribution majeure et sérieuse à la psychanalyse et dont l’inconscient reste encombré de soif de volonté insatiable de prendre la place du père, sans se retourner. Saurons-nous accepter le passé éthique de la FEP pour ouvrir à l’avenir, accepterons-nous de payer la dette symbolique du parricide que nous avons tous commis, comme tout le monde ?La FEP d’aujourd’hui devrait se garder, quelques mois seulement après la disparition de son dernier fondateur, de tomber dans le piège facile de se penser comme une toute nouvelle association qui nait d’un sol vierge ou on efface les énormes efforts de nos quatre fondateurs, et notamment le travail de Gérard Pommier. Essayons de ne pas oublier, de ne pas occulter ses courageuses positions, ses interprétations, ses indications, ses ouvertures iconoclastes. Pommier était en avance sur son temps, difficile et périlleux à suivre, mais la FEP est née de cette force, de ce désir-là.

Pour ne pas l’oublier, il nous faudra beaucoup d’humilité et de renoncements aux névroses qui nous guettent. Le fantasme de parricide tient la place centrale dans notre constitution psychique et il en est la nécessité. Les différentes strates de ce fantasme (père de Totem et Tabou dans l’enfance d’une part, et père symbolisé dans l’adolescence, d’autre part), vont se manifester inlassablement au long de la vie. La tentative de regagner la part inconnue de notre être, celle d’avant qu’une figure paternelle apparaisse, la part refoulée de notre corps réel, échoue devant le risque mortel que ces retrouvailles engendreraient si elles se réalisaient. Mais du point de vue de notre inconscient, ces échecs sont interprétés comme une jouissance possible, bien qu’empêchée par un tiers, un rival qu’il convient de liquider.

Personne n’est analysé une fois pour toutes, bien qu’il y ait eu analyse, le refoulé est prêt à revenir dans des conditions déstabilisantes nouvelles. La névrose obsessionnelle n’est pas la normalité, la certitude et la violence paranoïaque non plus. Elles sont truffées par l’angoisse de castration, angoisse devant la féminisation, refusant le risque de la perte. La normalité, s’il y en avait une, serait à chercher dans notre rapport à la castration, celle de l’Autre mais à la notre aussi et qui accepte le payement de la dette symbolique différente de la dette narcissique, imaginaire, celle qui cherche la jouissance du pouvoir.

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