Journée d’étude organisée par lETSUP

Le corps et les émotions au cœur du travail social
Perspectives professionnelles et formatives
avec la participation de Jean-Jacques Tyszler

Mardi 24 mai de 9 à 17 h
Maison des associations de solidarité 
Paris 13e

De nombreux travaux se sont penchés sur la place et le rôle du corps et des émotions au sein des établissements sociaux et médico-sociaux, quils traitent de laccompagnement dadultes en difficulté, denfants à protéger, que des personnes en situation de handicap ou encore confrontées aux effets du vieillissement. Le travail social, qui se singularise par une forte composante relationnelle, implique au quotidien une mobilisation du corps et des émotions, autant du côté des professionnels que des personnes accompagnées. Paradoxalement, « la part sensible du travail telle quelle sexprime à travers les expériences corporelles » (Pillon, 2014, p. 152), bien que mobilisée dans la pratique, demeure faiblement intégrée dans lapprentissage de laction professionnelle.

Nous proposons de réfléchir à la façon dont le travail social engage le corps et les émotions dans les attitudes et postures des professionnels, à travers le concept de corporéité, soit une conception du corps dans le monde à travers ses pratiques, ses représentations et ses normes. Les émotions constituent en effet une plaque-tournante des manifestations corporelles, de soi comme de lautre, et traduisent un ensemble de dispositions sociales incorporées et utilisées dans une profession (Berthelot, 1998). Mais on interrogera aussi la corporéité dans sa dimension relationnelle et langagière : le lieu de lAutre où peut venir ou non se projeter le désir du sujet (Lacan, 2004). Quelle place pour les identifications et linvestissement pulsionnel dans ce processus ? La psychanalyse pourra ici jouer la dispute dans la prise en compte du corps dans le travail social.

Dans ces perspectives intriquées, nous cherchons à comprendre comment le corps est engagé dans la pratique du travailleur social, en regardant à la fois les dimensions corporelles et émotionnelles visées et les processus de construction mis en jeu. Certaines recherches considèrent le corps et les émotions comme vecteurs essentiels de laction et de la relation (Courjou, 2007 ; Virat & Lenzi, 2018), soulignant notamment le rôle du corps comme support de lengagement dans la relation (Libois, 2007 ; Juliens, 2016 ; Cifali, 2019) et réponse aux besoins de sécurité physique et psychique du public (Mathet-Jolly & Van den Peereboom, 2008 ; Vigouroux, 2011), et celui de l’émotion comme outil daccompagnement (Boujut, 2005 ; Bodin, 2011 ; Fortino et al., 2015) et moyen daccéder aux « coulisses émotionnelles » de personnes en situation de souffrance (Touil, 2017). Bien quayant fait lobjet de développements dans la littérature scientifique, ces recherches situées dans des ancrages disciplinaires pluriels demeurent relativement éloignées et peu connues. Il convient donc de poursuivre et dalimenter ces discussions à des fins professionnelles et formatives.

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