Madrid 2019 : L’événement psychanalytique de l’Aténéo

Le mot d’ouverture de Jean-Marie Fossey,
président de la FEP,
le 22 novembre.

« Vous êtes tous présidents », c’est avec cette petite phrase que Gérard Pommier concluait l’assemblée générale de Palerme, après l’élection d’un nouveau bureau, en un instant à peine élu président, me voilà déchu. Mais… pour la bonne cause, au président entouré d’un bureau qui dirige, il proposait un président, un bureau qui accueille les propositions et les soutient.

J’ai fait acte de candidature, pourquoi ?  Pour ce vent de liberté qui souffle dans cette association !
Une liberté de parole qui laisse sa place à l’ouverture. Une ouverture où chacun, là il en est de son parcours, peut confronter sa pensée, ses repères théoriques, aux discours, aux pensées théoriques des uns et des autres. Une liberté où la théorie de Freud, de Lacan et de quelques autres peut être interrogée, questionnée, et même bousculée. Gorana Bulat-Manenti ne cesse de nous dire, combien il faut la « dépoussiérer » cette théorie. Nous ne pouvons pas faire l’impasse que la clinique a changé depuis Freud, Lacan, les patients que nous recevons ne sont pas ceux d’hier. Il nous faut repenser notre pratique pour prendre en compte ces nouveaux symptômes qui prennent le devant de la scène. Face à ces demandes qui ne sont pas les mêmes, il y a nécessité d’inventer, de sortir de ces réponses trop convenues, comme par exemple ces positions rigides de neutralité bienveillante et de silence. C’est d’ailleurs sans doute à ce prix, que, de cette clinique contemporaine, peut surgir la singularité, l’inouï, l’inattendu.

Aujourd’hui dans ce nouveau moment où la psychanalyse est régulièrement attaquée, controversée, disqualifiée au nom du scientisme, il y a urgence de s’engager sans relâche, pour qu’elle retrouve sa place dans le social, dans les institutions éducatives, de soins, à l’université, dans la sphère médiatique.

S’il ne s’agit pas de s’éloigner, pour se perdre, du tranchant de ces points de repères, de ces défrichages, de ces avancées freudiennes, lacaniennes. Il y a lieu de remettre à chaque fois sur le métier, comment transmettre cette psychanalyse, en dehors des cures, des contrôles, de nos institutions analytiques. Comment transmettre cette psychanalyse dont chacun d’entre-nous mesure dans sa clinique combien elle libère le sujet, plus encore, comme nous le disait très récemment le psychanalyste Philippe Grimbert, elle le sauve !

Cette question de repenser la transmission en dehors de nos cercles d’initiés, elle a été au cœur de notre préoccupation, lors de la préparation du colloque de Caen sur le deuil.

A ce propos, je voudrais le rappeler ici, combien dans ce projet, nous avons été soutenus, sans réserve par Luigi Burzotta et les membres du bureau de la FEP.
Bien sûr qu’ils sont nécessaires ces séminaires de recherche, ces petits groupes de travail pour étudier textes, ouvrages, séminaires qui font boussole et nous donne à penser notre clinique. Mais l’expérience de ce colloque et d’autres, ouverts à l’adresse non pas seulement des psychanalystes mais aussi des éducateurs, des infirmiers, des psychiatres, des psychologues, des assistants sociaux, etc., a montré par les retours positifs que nous avons eus, la nécessité pour les psychanalystes, de veiller à sortir de l’entre-soi, à sortir de l’arrogance des savoirs, de l’engluement des divisions, des redites théoriques, du discours doctrinal.

Cette transmission d’une psychanalyse d’ouverture, montre sa pertinence, pour ne pas dire qu’elle est attendue, que ce soit dans les colloques, à l’université, dans les débats publics, les temps d’échanges, les temps de supervision avec les équipes soignantes, éducatives.

Alors je vous propose « tous présidents » de la FEP, pour une politique d’ouverture et d’engagement, pour soutenir les propositions des uns et des autres, pour encourager les écrits, les communications, pour faire vivre une psychanalyse vivante, celle de la cure analytique, mais aussi celle de la psychanalyse en extension, pour promouvoir des discours théoriques, des mises en récits de cas, qui rendent raison de la richesse, de l’originalité de cette clinique si singulière et toujours actuelle.

Je voudrais terminer en vous disant que je suis ravi de m’associer et de venir travailler dans ce bureau de la FEP, avec des membres éminents, qui pour certains depuis plusieurs années, par leur expérience, leurs nombreuses contributions théoriques, leur engagement, participent si activement au sein de cette Fondation à faire vivre, soutenir, cette expérience intime inouïe qu’est la psychanalyse.

Jean-Marie Fossey

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