Lettre envoyée à la Ministre de la Santé le 12 juillet 2017 par le « groupe de contact » qui regroupe douze associations psychanalytiques
Paris, le 12 juillet 2017
Madame la Ministre des Solidarités et de la Santé,
Le « Groupe de contact » qui rassemble douze associations de psychanalystes souhaiterait vous rencontrer pour vous faire part de notre profonde inquiétude devant la remise en cause actuelle de la psychanalyse et de son apport en psychiatrie, en pédopsychiatrie, et plus généralement en médecine.
En proposant une approche du fonctionnement psychique centrée sur l’individu, la psychanalyse a travaillé à en spécifier les registres pathologiques tout en conservant une unité de l’humain normal et pathologique.
Elle prend la mesure de la destructivité humaine, de ses dangers pour autrui, mais infiniment plus souvent pour le malade mental lui-même, menacé psychiquement, dans son corps et parfois sa vie.
En prenant en compte la douleur psychique par la relation avec le patient, si besoin dans la durée, en aidant les familles en souffrance et les équipes menacées de burn out, en prévenant les violences institutionnelles, la psychanalyse participe à la qualité humaine en psychiatrie et en médecine. Les psychanalystes, psychiatres, psychologues et autres intervenants, ont fait au préalable dans une psychanalyse personnelle ce travail de prise de conscience et d’éprouvé de leurs conflits et de leurs défenses internes avant de mettre cette connaissance du psychisme au service des patients.
Pourtant la psychanalyse fait actuellement l’objet d’attaques violentes dans divers champs, dont certaines ont et auront des conséquences dans le domaine de la santé.
C’est particulièrement vrai dans le cas des autismes où la détresse des familles a été exploitée, avec des contre-vérités dont l’écho nous surprend, tant dans les médias qu’au parlement. Nous attendons de votre Ministère une défense de la pédopsychiatrie et de la psychiatrie publiques et associatives, un rétablissement du débat scientifique et de l’étude des différents traitements au profit des patients.
Nous espérons également vous faire part de nos préoccupations devant divers facteurs qui concourent à remettre en cause la transmission d’une qualité humaine relationnelle en psychiatrie. Les préjugés antipsychanalytiques influent sur la validation des programmes de formation des soignants. Au même moment le CNU met des obstacles à la candidature de professeurs de psychologie psychanalystes, ce qui remet en cause la formation des psychologues cliniciens. Enfin l’évolution démographique des psychiatres et des pédopsychiatre, dramatique, menace la possibilité de cette transmission à nos successeurs.
Vous trouverez ci-joint le développement de ces diverses questions.
Dans l’attente d’une réponse favorable, veuillez agréer, Madame la Ministre, l’assurance de notre profonde considération.
Jacques Sédat
Associations psychanalytiques cosignataires :
• Analyse freudienne : Dr Robert Lévy
• Association lacanienne internationale (Association RUP) : Dr Marc Darmon
• Association psychanalytique de France : Dr Leopoldo Bleger
• Cercle freudien : Dr Guy Dana
• École de psychanalyse des Forums du Champ lacanien : Dr Françoise Josselin
• Espace analytique : Docteur Gisèle Chaboudez
• Fédépsy : Dr Jean-Richard Freymann, Pr Michel Patris
• Fondation européenne pour la psychanalyse : Pr Gérard Pommier
• Quatrième groupe : Dr Francis Drossart
• Société de psychanalyse freudienne : Pr Patrick Guyomard
• Société psychanalytique de Paris (Association RUP) : Dr Denys Ribas
• Société psychanalytique de Recherche et de Formation : Dr Daniel Zaoui
• Secrétaire du Groupe de contact : Jacques Sédat