La honte à l’adolescence
Journée du CMPP du Centre Etienne Marcel

Vendredi 29 juin 2018
salle Notre-Dame-des-Champs
92 bis bd du Montparnasse – 75014 Paris

La honte est un affect qui surgit exactement à l’instant du dévoilement, sous le regard de l’Autre, d’un trait du sujet lié à son désir, à sa jouissance cachée ou à sa forme corporelle. La réactivation pulsionnelle à la puberté fait resurgir parfois avec une grande violence cet affect qui s’articule à toutes les modalités de jouissance, depuis les plus archaïques jusqu’aux représentations les plus normées, où le sujet peut avoir honte de ce dont il est privé. Il en découle que cet affect se retrouve dans tous types de structures.

Freud avait repéré son incidence dans la clinique de la névrose obsessionnelle et de l’agoraphobie, il a aussi établi le lien de la honte avec l’avènement de la phase de latence et la dimension du surmoi, indexant ainsi la honte à la culpabilité. Mais un siècle plus tard, on peut se demander si la clinique de la honte n’a pas supplanté celle de la culpabilité.

Lacan avance que le sujet honteux est un sujet qui se voit être vu. L’insistance sur le regard est récurrente, en particulier à l’adolescence. En témoigne, par exemple, l’expression « se taper l’affiche ».

Les manifestations de la honte sont très variées, au cœur de l’intime, exposant subitement sans prévenir la négociation du sujet avec le sexuel, le ratage face aux idéaux. Elle peut envahir tout l’espace psychique, devenir centrale, déterminer une inhibition majeure, jusqu’à amener un vacillement de la position de sujet – au point d’interdire la parole, d’empêcher toute expression, d’opacifier l’espace. Le clinicien peut parfois être désemparé. Le sujet, mis en défaut devant les attentes de l’Autre, se met en retrait, en décalage, et en vient parfois à s’exclure de tout lien social, ou à l’investir avec une identité d’emprunt. Comment accueillir alors ce qui se présente d’abord comme une saturation de la pensée par l’affect ? Comment entendre la honte et permettre son expression dans notre clinique ? Autoriser le sujet à l’âge adolescent à mettre en mots les circonstances de sa survenue puis de son émergence ? Comment enfin par le psychodrame, la psychothérapie ou la consultation, permettre un dégagement subjectif hors de l’emprise de la honte ?

Comité d’organisation : D. Lauru, S. Stern, J. Menrath

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